Je me souviens des châtaignes qu’on ramassait sur les chemins de campagne autour de la maison de mes grands-parents maternels, dans l’Orne. On les faisait cuire dans une poêle trouée placée au-dessus du feu et on les dégustait sur du papier journal. Ça laissait des traces noires sur les doigts. Et puis le petit verre de cidre qui allait bien avec. Miam !
Je me souviens des longues balades à vélo avec mon frère. Quand on allait chez notre grand-mère, à 50 kilomètres de là, c’était l’expédition de la journée. On emportait notre pique-nique, on faisait la pause au pied du château de Falaise, avant d’attaquer la dernière partie du voyage et sa route qui montait et descendait sans cesse, avant de plonger vers notre destination finale, dans un décor que je vois encore très bien si je ferme les yeux.
Je me souviens de mon meilleur copain d’école primaire, qui m’avait fait croire qu’il y avait une bombe cachée dans une bille, pas loin de sa maison. Je savais qu’il mentait souvent, mais une partie de moi craignait quand même que cette bombe explose !
Je me souviens aussi…
Je me souviens de mon anniversaire à Bramans, en Savoie. C’était le 5 juillet 1989, j’avais 15 ans. J’étais à la terrasse du Glacier avec mes parents et c’était la fête autour de nous. La Lambada était diffusée dans la rue, c’était vraiment l’été, l’insouciance, bye bye le collège pourri, le lycée m’attendait à la rentrée.
Je me souviens du passage secret à Saint-Germain-de-Tallevende. On passait par là et on était vraiment persuadés qu’on entrait dans un monde merveilleux. En fait, c’était juste un trou dans un grillage et une haie ! Vive la magie de l’enfance…
Je me souviens des loooooooooooooongues projections de diapos d’Yvette, qui partait en voyage dans tous les coins du monde et nous en rapportait toujours des centaines de photos.
Je me souviens des glaces pousse-pousse à l’orange et au citron, qu’on mangeait quand on allait à la Belle Arrivée, une aire de jeux en forêt d’Andaine, avec des balançoires, un mini-golf, un petit train… C’était le paradis pour nous ! Les glaces pousse-pousse fondaient à toute vitesse, coulaient sur nos doigts, qui étaient tout collants et poisseux ensuite. Mais c’étaient les meilleures glaces du monde !
Je me souviens encore
Je me souviens de la panne d’électricité au bout de quelques semaines de cohabitation avec mon frère dans notre premier appartement parisien. On avait fait venir un électricien pour qu’il rétablisse le courant, jusqu’à ce qu’on apprenne, mortifiés, qu’on n’avait tout simplement pas ouvert de contrat à notre nom et que c’est pour cette raison que l’électricité avait été coupée ! On découvrait la vie de jeunes adultes…
Je me souviens des retraites religieuses qu’on faisait avec ma sœur, alors que je ne croyais déjà plus en Dieu (le Dieu des religions). On rencontrait plein d’autres jeunes, plus sympas que ceux du collège et du lycée, et on partageait de bons moments ensemble. Il nous est même arrivé de dormir à même le sol une fois !
Je me souviens du jour où j’ai fait la surprise à ma petite sœur : « debout, on pars passer la journée à Paris ! ». Les étoiles dans ses yeux et dans les miens. Et une nouvelle super journée dans cette capitale que j’aime tant (malgré tous les malgré !).
Je me souviens toujours
Je me souviens du tout premier moment à Poilly-lez-Gien, en avril 2012. On avait débarqué de Paris pour découvrir notre futur lieu d’habitation. On avait visité deux ou trois maisons, je ne sais plus. On avait pique-niqué sur la place du village, qu’on ne connaissait pas du tout, avec des sandwichs et des chips achetés au supermarché du coin. En visitant une des maisons, je m’étais assise sur le banc, dans le jardin, et j’avais vraiment l’impression d’être au milieu de nulle part. Le décalage avec Paris et Meudon était immense ! Voilà ce qu’allait être ma nouvelle vie désormais…
Je me souviens du moment où j’ai appris la mort de Balavoine. J’étais dans l’escalier et l’info venait de la chaîne Hi-Fi. J’ai appris la mort de Coluche à la télé, dans une émission présentée par Noël Mamère… Pour la mort de Michel Berger, c’était le jour où ma soeur aînée partait pour sa première colo en tant qu’animatrice. J’étais dans mon lit dans mon premier appart parisien, quand j’ai appris au matin la mort de Lady Di. J’étais au bureau, en train de bosser, quand j’ai appris qu’un avion s’était encastré dans une des tours du World Trade Center. J’étais dans mon lit, par une nuit orageuse et avec du mal à trouver le sommeil parce que je passais une amniocentèse le lendemain, quand j’ai appris la mort de Michael Jackson… Instants gravés à tout jamais.
Je me souviens de Lolotte et je me souviens de Joël. Je me souviens de Martial et je me souviens de Monsieur Halleux. Je me souviens de Jennifer et je me souviens de Michel Raby. Je me souviens d’Elisabeth et je me souviens de l’abbé Lebouteiller. Je me souviens de visages dont j’ai oublié les noms et de noms dont j’ai oublié les visages !…
Je me souviens de Turretot et je me souviens de Sydney. Je me souviens de Grentheville et je me souviens de Tokyo. Je me souviens de Vienne et je me souviens du Havre. Je me souviens d’endroits anodins dont ma mémoire a pris des photos pour je ne sais quelle raison et je me souviens de lieux spectaculaires qui ont éclaboussé mon âme de joie.
Je me souviens de tout et je ne me souviens de rien !